Un regard porté sur une ville française qui se meurt en se vidant petit à petit de ces
commerces. La ville de Saint-Gaudens peuplée de 13 487 habitants a eu son heure de gloire
grâce à son activité économique, plus précisément grâce à son usine à papier. Aujourd’hui
elle est en danger, car elle a été bouleversée il y a un an par l’ouverture du centre
commercial, le Saint-Gopôle qui se trouve à l’extérieur de la ville. Les rues n’ont pas
changées a priori, mais lorsqu’on tourne la tête, qu’on regarde à l’intérieur, c’est alors que
l’on s’aperçoit avec affolement de la multiplication des promotions de ventes et des panneaux
« A Vendre », « A louer ».
J’ai voulu mettre en avant ces devantures abandonnées qui se mêlent aux commerces
survivants, aux voitures, a mon propre reflet et aux quelques passants. Il m’a semblé
important de montrer la population qui vie dans cette ville et qui curieusement a adopté un
mode de fonctionnement différent, en consommant à l’extérieur du centre. Le regard fixe et
vide montre à quel point le climat est lourd et inquiétant. J’aime imaginer que la ville est une
femme, qu’elle a une âme, un regard sur elle-même. Combien son désarroi est grand en
voyant ces vitrines voilées, désertées, oubliés ?